Mon expérience avec une bêta-lectrice professionnelle : Élodie Jonquoy

Ils sont nombreux sur le marché de la bêta-lecture (cf. mon précédent billet sur le sujet). J’ai eu la chance de connaître Élodie Jonquoy pour la préparation de mon deuxième livre, premier roman « Si tu savais comme c’est bon ». Cette jeune mère, qui écrit actuellement un roman, offre des services de correction, de coaching, de rédaction et de bêta-lecture.

En quelques semaines, elle m’a rendu une synthèse de 13 pages avec son « opinion de lectrice » dite « subjective » et son « analyse professionnelle » dite « objective ».

Son opinion de lectrice est très intéressante, en tant que femme comme les autres, avec ses goûts, ses envies, ses humeurs, etc. Elle m’a expliqué ce qu’elle a aimé et moins aimé. Les bêta-lecteurs « gratuits » mènent aussi ce travail, en moins développé.

Son analyse professionnelle m’a beaucoup apporté. Élodie me semble être une femme polie, bienveillante et d’une grande douceur. C’est important dans un travail ô combien délicat ! Elle présente à la fois les points positifs et les points négatifs du texte, sans chercher à plaire, mais toujours en mesurant chaque mot employé.

Son travail n’est pas fini ! Comme elle le précise elle-même : Mon rôle ne s’arrête pas à vous dire « voilà, ces choses ne vont pas, merci, au revoir, non ». Mon rôle c’est de vous apporter des pistes de réflexion, d’amélioration.

De tous les conseils qu’elle me donne, voici celui qui me sera le plus utile :

Le manque de profondeur de Paulette : Nuancez ses émotions, entrez dans sa peau, ressentez ses poils se hérisser […], sa gorge s’assécher avant de […], ses yeux gonfler sous les larmes quand […]. Sentez Paulette, sentez toute la nuance de ses émotions. Je vous conseille d’écrire toute son histoire à la première personne. Pas pour la faire lire, mais pour vous en imprégner. Ou tenez un journal, comme un journal intime. Dans lequel vous parlez pour Paulette. Apprenez à mieux la connaître, à l’observer, à la décortiquer, dessinez-là si vous pouvez. Analyser toutes ses nuances de tristesse, de remords, de joie. Rendez-la plus humaine.

Comme elle le dit elle-même, c’est moi l’auteur et le maître de mon récit. Il n’empêche, par ses conseils judicieux, intelligents, mesurés et précis, elle gardera une place dans ce futur roman et dans mon estime. Je la remercie infiniment. Pour conclure, je voudrais lui poser une question et à vous tous : en rémunérant une personne, on gagne un service professionnel, mais un professionnel va-t-il dire toute la vérité si le texte est mauvais ?

Mes conseils pour une bêta-lecture réussie

Pour mon premier livre, je ne savais pas ce que c’était qu’une « bêta-lecture », mais j’en ai pourtant bénéficié.

Mon deuxième ouvrage est passé par cette étape. Ce fut un moment délicat et douloureux (je suis tombé sur une dame odieuse). Malgré cela, c’est une étape indispensable et je dois m’y soumettre pour le troisième.

La bêta-lecture, c’est confier son texte à une tierce personne, pour en obtenir un avis, des suggestions, des éventuelles corrections. Tout est possible, l’auteur peut guider ses bêta-lecteurs en précisant ce qu’il recherche.

LES ERREURS À ÉVITER :

Pas de bêta-lecteurs parmi vos proches, sauf…

Les proches ne sont jamais neutres. Ils trouvent le livre « formidable » alors que le premier jet est souvent lamentable. Au contraire, ils vont vous refroidir, car ils peuvent être jaloux, rancuniers, mal à l’aise ou ils n’avaient guère envie de vous lire.
Chaque règle ayant ses exceptions, il y a toujours une personne ni trop gentille, ni trop vache, dans votre entourage pour mener ce travail. Le premier qui a lu mes deux tapuscrits est mon frère, Florænt. Il est franc, mais pas méchant. Il me dit ce qui est bien ou pas.

Pas de bêta-lecteurs parmi… les groupes de bêta-lecteurs.

J’étais ravi de rencontrer de tels groupes, composés d’auteurs peu connus ou de lecteurs curieux. Le résultat ? Plutôt décevant. Si c’est un échange, vous allez devoir vous coltiner des récits mal écrits et vous serez dans une position inconfortable. Si vous mentez, vous n’êtes d’aucune utilité, si vous donnez votre opinion, vous vexez l’autre personne. Toutefois, vous recevrez parfois quelques bons conseils. C’est déjà ça !

Pas de bêta-lecteurs parmi vos lecteurs habituels.

Je refuse que mes premiers lecteurs, s’ils ont aimé mon premier livre, lisent le second. Ils ne seraient pas neutres et compareraient. Soit dit en passant : certains veulent vous lire pour ne pas à avoir à acheter le second…

LES BONNES IDÉES :

Des bêta-lecteurs trouvés dans les groupes intéressés par vos écrits.

Vous avez écrit un livre sur une femme de 80 ans qui court son 20e marathon ? Facebook : groupe de séniors, de sportifs retraités, de marathoniens, etc. Ce sont eux qui vont acheter votre livre alors demandez leur avis !
Pour mon premier livre et même pour le second, j’ai posté des messages sur des groupes d’amoureux de l’Inde, des professeurs de FLE, des personnes en rupture amoureuse. J’ai pu corriger quelques défauts du premier livre.

Des bêta-lecteurs professionnels.

Ils sont parfois décriés sur les groupes, certains considèrent qu’un bêta-lecteur n’est pas professionnel. Avec le port du masque en forêt, c’est l’idée la plus idiote en ces temps actuels. Toute activité peut être entreprise d’une manière bénévole et professionnelle. L’argent motive les personnes pour réaliser un réel effort. OK, certains rendent des services gratuitement, avec une grande générosité. En ce qui me concerne, mes cours de français ne seraient pas les mêmes si je n’étais pas payé. Je n’enseignerais même plus.

Un bêta-lecteur professionnel facturera entre 200 et 300 pour un roman court de 50 000 mots. À vous d’estimer si cela en vaut la peine. En ce qui me concerne, je réponds « oui » sans hésiter. J’ai eu la chance de connaître Élodie Jonquoy. J’ai publié un autre billet pour évoquer mon expérience avec une telle bêta-lectrice professionnelle.

Le club de la dernière chance, de Marian Keyes

À Londres, trois amis irlandais et trentenaires, deux femmes et un homme, sont face à leur destin : relation toxique, incapacité à s’engager et cancer.

Ce livre a deux défauts.

Tout d’abord, les remerciements à la fin. C’est comme les applaudissements au personnel médical pendant le premier confinement : ça m’a toujours brouté, bien que j’aie suivi les voisins pendant le confinement, à Paris. Quant aux sempiternels remerciements, je l’ai fait à la fin de mon premier livre pour ne pas payer 50 euros à une psychologue qui avait relu 4 pages. Pourquoi faut-il toujours remercier quelqu’un publiquement ? Moi, j’oublierais certaines personnes et elles en seraient vexées. L’écrivain remercie comme on filme nos actes de charité : il faut montrer urbi et orbi. Avant-hier, j’ai apporté une couverture à un SDF en bas de chez moi qui se battait avec un autre. En ai-je fait une vidéo ?

Enfin, les personnages sont manichéens. Oh qu’ils sont vilains les deux hommes qui ont fait souffrir les deux femmes ! Je connais les hommes, mieux que bien des femmes, et je peux affirmer ceci : on oublie toujours les hommes à qui on a fait du mal pour garder à l’esprit ceux qui nous ont fait souffrir.

Finalement, il a deux autres défauts : il a vieilli (écrit en 1999) et une bonne centaine de pages avant d’apprendre le cancer de l’ami (annoncé pourtant en quatrième de couverture).

Néanmoins, pourquoi j’ai aimé ce livre ?

Parce que l’histoire marche, le style est agréable, les trois protagonistes sont bien définis, les personnages secondaires aussi, et la touche irlandaise de l’auteure apporte une touche attachante. Autrement dit : c’est le livre que j’aimerais être capable d’écrire : sans prétention et efficace. Or, c’est justement le plus difficile à faire.