« Et si les mots immigrés, c’est-à-dire la quasi-totalité des mots de notre langue, décidaient de se mettre un beau jour en grève ? »
Les deux auteurs nous offrent un conte sur l’histoire de la langue française, des mots gaulois (je savais déjà qu’ils étaient peu nombreux, comme « alouette » et « tonneau »), latins, grecs, italiens, anglais, allemands, régionaux… Ce court livre, qui se dévore en une heure, se révèle très instructif, pour les amoureux de la langue française et notamment de l’étymologie. J’ai par exemple appris que « caramel », « fétiche » et « marmelade » étaient portugais. J’aurais dit français pour les deux premiers et anglais pour le troisième.
Plus surprenant, ce livre est engagé, il se moque de l’extrême droite. Il est certain que les mots ne connaissent pas de frontières, ils les traversent, pour revenir parfois sous une autre forme.
Ce que j’ai apprécié dans leur réflexion est d’évoquer 3 points qui guident mon écriture :
– Un hommage aux ressources de la francophonie. J’ai déjà utilisé dans mes livres le merveilleux « égoportrait » et le truculent « divulgâcher ». J’admire l’inventivité de l’Office québécois de la langue française qui répond souvent très bien à toutes nos recherches en ligne.
– Un hommage aux langues régionales. Je suis de Montpellier et je recours à des mots occitans comme « s’enfader ».
– Une critique du franglais que l’on retrouve dans le monde de l’entreprise :
« Alors pourquoi, mais pourquoi, vous, Français, ne parlez-vous plus français ? Pourquoi renoncer à vos mots ? Vous savez que vous êtes ridicules ? « L’équipe de direction, qui travaille en espace ouvert, a confié la légende de l’entreprise à un laboratoire d’idées. » C’est clair, non ? Tout le monde comprend. Alors pourquoi ce galimatias : le staff du manager, qui coworke en open space, a confié le storytelling à un think tank ? »
J’essaie d’éviter pas mal d’anglicismes quand j’écris, car j’estime que c’est un combat à mener. Certains trouvent que ce choix des mots est ridicule ou artificiel, mais sincèrement, I don’t give a shit.
Voici en tout cas un cadeau sympa pour tous les curieux.