L’odeur de l’Inde, par Pier Paolo Pasolini

Je ne connaissais pas cet auteur et en lisant son « récit », je me suis dit « Il est gay ! ». Poète, journaliste, cinéaste, il serait mort assassiné par un gigolo sur un lieu de drague. Vous allez me dire : « On s’en fout ! ». Non, car justement, quand il aide Revi qui lui « prend la main », il faut lire entre les lignes. Ils ont eu une liaison charnelle, évidemment ! C’est pour cela qu’il tente de l’aider. Comme je le raconte dans mon livre (50 ans après, il m’est plus facile d’évoquer l’homosexualité), il est aisé de percevoir ce brûlant désir que les homosexuels indiens éprouvent. J’ai connu un Indien, d’autres m’ont accosté dans la rue, à l’hôtel, et j’avais l’impression d’être « une tarte au citron ». Pasolini avait mon âge lors de son voyage : 40 ans, et il était superbe.

Ce que j’ai aimé dans ce livre, à mi-chemin entre L’Inde où j’ai vécu d’Alexandra David-Neel et Nue India d’Alexandre Bergamini, c’est la liberté de l’auteur. Il dit tout ce qu’il pense. De nos jours, tout écrivain sur l’Inde marche sur des œufs de peur de se faire traiter de néocolonialiste. Évidemment, Pasolini présente une vision occidentale de l’Inde. Il généralise beaucoup trop : « Il est vrai que les Indiens ne sont jamais joyeux : ils sourient souvent, c’est vrai, mais ce sont des sourires de douceur, non de gaieté ». Il croit connaître un pays à travers des promenades nocturnes alors qu’il a surtout passé son temps entouré de bourgeois dans des réceptions. D’ailleurs, pourquoi se promener le soir en Inde ? Un livre LGBT, je vous dis !

Le style est poétique, littéraire et comme il ne s’agit pas d’une histoire de A à Z, mais un mélange éparse de réflexions, ce livre, pourtant court, n’est pas simple à lire.

En conclusion, un livre engagé sur l’Inde, pour apercevoir ce pays dans ses années 1960, sans oublier qu’il s’agit d’un livre LGBT.

La Tresse, Laetitia Colombani

Contrairement à ce que je pensais, ce n’est pas un livre uniquement sur l’Inde. Le titre est magistral puisque trois histoires forment comme une tresse entre une Indienne, une Canadienne et une Italienne. L’Indienne refuse le carcan dans lequel les Dalits sont enfermés et se bat pour offrir une vie meilleure à sa fille. La Canadienne, une brillante avocate, lutte contre un cancer. L’Italienne veut sauver l’entreprise familiale de la faillite.

Voilà pourquoi le livre fonctionne, comment un livre commercial marche : les protagonistes sont confrontées à un obstacle majeur. Par conséquent, le lecteur poursuit sa lecture.

Le roman est court, il se lit en deux heures et son prix est élevé, comme tout best-seller. Le style est assez banal, ni bon, ni mauvais. C’est le genre de roman qui plaît au plus grand nombre car il rentre dans un moule. Attention, il n’est pas mièvre et il est bien pensé. Le récit sur l’Indienne est le plus intéressant pour quelqu’un comme moi, et vous aussi, si vous êtes un de mes lecteurs. Ce n’est pas l’Inde que j’ai connue. Le combat de l’Italienne m’a plus intéressé que celui de l’avocate carriériste canadienne qui lutte contre un cancer (que c’est original !).

L’originalité de ce roman est l’absence de dialogues ou plutôt une présentation des dialogues intéressante. Les descriptions sont sommaires, l’émotion contenue. L’ensemble est sauvé par les portraits de ces trois femmes admirables, qui marquent les esprits. Un personnage est réussi quand nous nous souvenons de lui.

En conclusion, un bon livre, si vous aimez les livres commerciaux. Je n’en recommande pas l’achat, vu son prix excessif : à se prêter entre amis ou à se procurer à la bibliothèque.