La décision, Karine Tuil

Une partie de la quatrième de couverture, car le reste en dit trop, comme trop souvent : « Mai 2016. La juge Alma Revel doit se prononcer sur le sort d’un jeune homme suspecté d’avoir rejoint l’État islamique en Syrie. À ce dilemme professionnel s’en ajoute un autre, plus intime : mariée, Alma entretient une liaison avec l’avocat qui représente le mis en examen ». 

J’ai rédigé une thèse de droit et j’ai reconnu sans effort une juriste reconvertie en écrivaine. Karine Tuil s’est parfaitement renseignée et a souhaité allier le meilleur des juristes, un souci de clarté, tout en évitant leur style d’habitude ampoulé.

Ce livre est percutant, prenant et nous encourage à la réflexion.

En ce qui me concerne, la juge Alma Reval me rappelle bien des juristes et bien des personnes. Ces personnes qui se considèrent comme irremplaçables et ne peuvent arrêter. Elle aurait pu et dû passer la main. Le concert de trop, le combat de trop, l’élection de trop, le livre de trop, l’exposition de trop, le film de trop, la chirurgie de trop, et ici, l’affaire de trop.

Un petit bémol : je comprends la volonté des auteurs de ne pas partir sur des dialogues trop familiers, mais les expressions du suspect ne m’ont pas paru toujours crédibles.

J’ai hâte de découvrir d’autres romans de cette autrice tant les réflexions m’ont paru cinglantes :

Leur vie, c’était le charme discret de la grande bourgeoise intellectuelle parisienne, les vacances dans la maison familiale de l’île de Ré où chaque membre possédait son bol en faïence à son nom et où l’on évoquait ses idées progressistes sous l’œil détaché des femmes de ménage sous-payées de baby-sitters de moins de vingt ans que les hommes les plus charismatiques de la famille pouvaient encore espérer toucher au milieu des années 70 sans avoir peur d’être inquiétés.

Dans le jardin de l’ogre, Leïla Slimani.

Dans le jardin de l’ogre est le premier livre de Leïla Slimani, publié en 2014, avant son Goncourt en 2016 pour Chanson Douce. J’ai vraiment apprécié ce court récit.

Je n’ai été ni choqué ni malmené par l’histoire de cette nymphomane mariée, mère d’un enfant. Peut-être parce que je reste souvent à distance des livres que je lis. Comme l’autrice, je ne porte pas de jugement sur cette femme qui se met en danger pour assouvir des pulsions sexuelles.

Au niveau du style, le choix du présent et du passé composé ainsi que des phrases courtes confèrent au récit une simplicité contrebalancée par un souci du détail.

Slimani est une autrice que j’aimerais relire. Le talent est certain.