La précieuse maison d’édition L’Asiathèque nous propose un récit autobiographique d’un sexagénaire pêcheur sur Lanyu, « L’île des orchidées » au sud-est et administrée par Taiwan. L’ethnie Tao peuple cette île, administrée par le Japon, puis par la République de Chine (Taiwan). Ainsi, Syaman Rapongan nous présente d’abord les spécificités de sa culture (pêche, rapports aux esprits, médecine, langue, place des hommes et des femmes, etc.). Ce que craignaient les anciens de l’île s’est produit : les Han et la religion catholique ont grignoté la beauté de cette culture, à coup de subventions, alcools de riz, lectures de la bible. Syaman Rapongan part étudier sur l’île principale, un des premiers de sa génération, et sa vie sera modifiée à jamais. Il y subira des traitements vexatoires (enfin, quand on a lu Joothan, c’est difficile d’être aussi bouleversé et révolté).
Les Yeux de l’océan est un livre dépaysant, instructif, un peu trop long par moments, tout en retenue, il m’a manqué un peu d’émotion. Le style de l’auteur ne m’a ni déplu ni plu. Quelques tournures m’ont interpelé, et en général, quand une phrase interpelle le lecteur, c’est qu’elle réveille en lui une émotion, comme dans ce passage :
« Sur l’instant, j’ignorais si ma sœur, encore au début de la trentaine, pleurait de joie, ou si elle versait les larmes de la mal mariée ».
Les Yeux de l’océan est à conseiller pour tous les amoureux de l’Asie, ceux qui ont envie de lire quelque chose de différent, quitte à ce que cela soit un défi.