Les recueils de nouvelles n’ont jamais été mes premiers choix. Tout d’abord, parce qu’il est difficile de faire mieux que Maupassant, mon maître absolu, et je ne suis guère friand des fins sèches sans avoir eu le temps parfois de cerner davantage les décors et les personnages. Autrement dit, une partie de moi pensait que les nouvelles permettent à des auteurs paresseux d’écrire.
Belle erreur, je ne peux que recommander cette lecture pour plusieurs raisons.
Premièrement, ce livre est le travail de toute une équipe, notamment de traducteurs, un cadeau d’une maison d’édition pour promouvoir un écrivain particulier. J’ai apprécié la présentation de l’auteur, de l’ouvrage, la note liminaire et le glossaire des mots hindis. Tout est étudié avec soin et pensé avec sincérité. Voici une quatrième de couverture des plus réussies.
Deuxièmement, toutes ces nouvelles comportent un intérêt, sans que l’une soit la seule réellement attrayante alors que d’autres meubleraient. Vous allez les dévorer toutes, vous pouvez même les lire dans le désordre.
Enfin, vous allez être malmenés lors de la lecture, comme si vous preniez des claques, que vous souffriez d’injustice. « Il raconte des faits de quelle époque ? », « Ça existe encore aujourd’hui ? ». Une part de l’Inde se livre à vous, celle des campagnes ou des ruraux fils d’intouchables. L’auteur sait de quoi il parle, né dans une famille des balayeurs-éboueurs. Il m’a fallu digérer chaque nouvelle, prendre le temps de réfléchir sur son message. C’est ce que j’aime d’un film ou d’un livre : qu’il me pousse à la réflexion, une réflexion simple, juste en tant qu’humain. L’émotion est fine, on ne tire pas les larmes du lecteur dans un bidonville. Certaines nouvelles rappellent La Rempailleuse de Maupassant, pour les thèmes évoqués (le sacrifice financier, l’amour pour un proche).
Quant au style, il est sobre, clair, mûr, sans artifice ni recherche élaborée. Omprakash Valmiki s’intéresse plus à faire passer un message, avec succès, plutôt que d’impressionner par son talent. S’est-il autolimité en tant que dalit ? Les phrases sont courtes, dynamiques et chaque nouvelle pourrait être l’objet d’un court-métrage.
Mes félicitations à l’Asiathèque pour ce beau travail, je vais lire de ce pas un deuxième livre de cet auteur : son autobiographie.
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