Lors d’une séance de dédicaces, à Amiens, à la librairie du Labyrinthe, j’ai rencontré Philippe, un libraire à l’ancienne : cultivé, passionné, curieux, ouvert et généreux. Le dernier des Mohicans, connu dans toute la région.

Philippe est aussi un éditeur : Les éditions du Labyrinthe qui publient une dizaine d’auteurs.

Le marché du livre, c’est comme celui de la mode. Une poignée d’hommes et de femmes décident. Quelques maisons d’édition choisissent ce que nous allons lire, dans l’espoir qu’une vingtaine de journalistes daignent présenter leurs auteurs. Et la mayonnaise prend ou pas, à la fin, c’est toujours le lecteur le juré.

Cette fois-ci, j’avais envie d’une lecture plus originale. On m’offre un livre, alors il mérite une chance. Les éditions du Labyrinthe font partie de ces 13000 maisons d’édition en France. Parfois connues localement ou exploitant une niche, elles sont les grandes oubliées bien qu’elles participent davantage à la culture.

Fin de race, c’est l’histoire d’un tout juste sexagénaire, Guillaume, blessé par un accident de la route, qui a besoin d’une aide à domicile, chez lui, en Picardie. Cet ancien agriculteur a vendu le domaine de sa famille pour rembourser les dettes de l’accident dans lequel il était responsable. Arrive Dorothée, une femme qui approche les 40 ans. Cette aide à domicile, pas faite pour le ménage, y excelle, car elle est douée avec les vieux. Dorothée est lesbienne, et vivre en milieu rural ne l’aide pas à trouver l’amour ou ne serait-ce qu’une nuit.

Ces deux-là vont vite s’entendre autour de leur passion pour le rock, chacun adepte d’une période différente.

Fin de race fut pour moi une agréable surprise. Le style de Francis Demarcy, simple et direct, parfois argotique, fonctionne avec l’authenticité des personnages. Les chapitres s’enchainent aisément, avec des techniques différentes, on passe du passé simple au présent, on change de narrateur, sans être perdu.

Francis Demarcy a lu Houellebecq, sans suivre ses envolées poétiques. C’est dommage. Il a lu aussi Despentes, notamment Vernon Subutex, sans suivre la vulgarité. C’est mieux, dans ce cadre picard et paysan.

Fin de race plaira aux lecteurs qui éprouvent le besoin de partir dans un milieu rural, avec des personnages plutôt ordinaires qui ne se disputent pas. Fin de race n’est pas un page-turner aux rebondissements à chaque chapitre. C’est surtout un hommage à l’amitié et l’amitié, cela se construit jour après jour.

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